Troyes C

Depuis un peu plus d’un an, j’ai pris le parti de collecter mes biodéchets (épluchures essentiellement) pour alimenter le composteur collectif installer en plein centre-ville par Troyes Champagne Métropole. Il faut savoir que ces bio-déchets représentent 30% de nos poubelles et vont en grande partie à l’enfouissement. Heureusement une loi récente impose un tri à la source des bio-déchets pour 2023. Toutes les initiatives dans ce sens méritent d’être connus et soutenus. J’ai rencontré Thomas Richarme qui s’est lancé dans cette entreprise avec sa société Troyes C pour « Collecte cyclo compost ».

Thomas, 47 ans, a pas mal bourlingué en tant que chef de projet ou technicien méthodes et qualité pour l’industrie. Il a connu trois licenciements économiques dont deux dans le département. Après le dernier, il a rebondi une nouvelle fois en intérim en début de l’année début 2020 : « Avec cette dernière expérience, je me suis rendu compte que l’industrie ne me correspondait plus, je n’ai pas renouvelé la mission. Quelques mois en arrière, j’avais repéré le travail des Alchimistes, une structure parisienne qui s’était lancé dans la collecte de bio déchets à vélo. Puis j’ai muri mon propre projet dans ce domaine grâce à un accompagnement de l’asso Tous repreneurs. Je me suis mis à fond dans le projet juste avant le confinement de mars.  En juin, je passais une formation de guide composteur à la Maison des alternatives à Chennegy avec Hélène Guinot (complété par une formation de maître composteur en septembre, qui se finalisera fin 2021 par la remise d’un mémoire). Puis j’ai beaucoup échangé avec d’autres structures de collecte de bio-déchets dans toute la France », explique Thomas.

A la différence des Alchimistes, Thomas a choisi le « low-tech », pas de machines pour composter. La technique de compostage est classique : apport des bio-déchets et de broyat pour une lente maturation et brassage manuel. Pour la collecte, le choix du vélo est vite vu :

« Depuis 3 ans, je me suis mis au triathlon, je suis débutant mais je me suis rendu compte que j’étais endurant et que rouler par tous les temps, ne me posait pas de souci », raconte Thomas.

Il ajoute :

« Sinon la réflexion première de ce projet était de me dire pourquoi je le fais. La question de l’environnement est primordiale aujourd’hui, notre mode de vie a un impact sur celui-ci, il faut changer sa consommation. Moi-même je dois changer mon mode de vie. Je tends vers la décroissance. Ce n’est pas facile, mais on y travaille en famille ».

En 2020, le projet s’est accéléré avec le coup de pouce de la Maître Composteur Hélène Guinot qui a incité Thomas à être référent d’un site de compostage. Habitant à Pont Sainte Marie, le site de compostage du quartier Debussy ayant déjà son référent, Il a intégré le comité consultatif environnement de la commune en tant que participant citoyen. Dès septembre 2020, pour développer son projet, Thomas a eu l’accompagnement de la structure Pool d’avenir, couveuse d’entreprise dans la Meuse.

« Lors d’une réunion, j’ai évoqué mon projet et mon besoin d’un terrain pour lancer mon activité. En octobre 2020, la mairie me prête temporairement un terrain où je peux installer mes bacs de compostage. Petit avantage non négligeable celui-ci accueille également les déchets issus du broyage des branches taillés par le service espaces verts de la commune. Idéal pour l’apport de matière sèche dont j’ai besoin. Cela valorise ces déchets peu utilisés jusqu’à alors. Par la même, j’ai proposé à la mairie de collecter les bio-déchets issus des cantines et crèches. Après un test d’un mois, le bilan est en cours pour voir si je continue la collecte. Pour trouver d’autres clients, le démarrage a été laborieux, mais il y a une évolution très positive. Bien sûr, j’attends de pouvoir travailler avec les restaurants qui souhaitent valoriser leurs biodéchets. Mes deux premiers partenariats sont actuellement les magasins Persil et Ciboulette et Mademoiselle Vrac. Avec ce 1^er, je teste une nouvelle formule de collecte avec un bac de 250 L pour y déposer les fruits et légumes invendables, l’apport de broyat s’effectue sur place. Une fois plein, je charge le bac plein sur ma remorque, pour ensuite composter les déchets. » conclut Thomas.